Derrière la fenêtre de sa chambre, des lueurs incertaines se dessinaient sur les contours des toits parisiens. La nuit cédait peu à peu de son obscurité à l’aube. Il s’éveilla et prit un moment pour écouter ce que son intuition lui murmurait. Ce matin d’avril s’annonçait gris et pluvieux, mais la météo lui importait peu. La grisaille se trouvait dans sa tête. Et cela faisait longtemps qu’il n’avait pas connu d’éclaircie. Ce jour se présentait comme semblable à beaucoup d’autres.

Juste un jour de plus dans sa vie de flic.

Pourtant, moins d’une heure plus tard, la mort allait abattre sa faux tout près de lui.

Il prépara son petit déjeuner habituel tout en écoutant les infos du matin. Un énorme pétrolier se déversait dans l’Atlantique. Un massacre avait fait douze morts dans un établissement scolaire américain, perpétré par deux lycéens de quinze et seize ans armés de fusils d’assaut. Plus de deux cents réfugiés périssaient sur un chalutier en Méditerranée, aucun pays européen n’étant prêt à les accueillir. Le monde lui paraissait sombrer dans le chaos d’une manière irréversible. Et lui, Luca Ferrand, simple lieutenant de police, ne pouvait rien y changer. Il préféra terminer son bol de céréales dans le silence et arrêta la radio. Seul le tic-tac de l’horloge murale s’élevait dans la cuisine. En bas dans les rues, les premiers conducteurs véhéments entamaient leurs concertos de klaxon. Les yeux dans le vague, il regarda quelques secondes le ciel maussade avant de se lever pour enfiler son blouson.

— Encore une journée pourrie, laissa-t-il échapper en quittant son appartement.

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